Communiqué de presse N°001 de l'Organisation pour la Réflexion et l'Action féministe (ORAF), relative à la prise en compte du genre et de l'équité dans les élections du 02 septembre 2023

APPLICATION DE LA LOI PORTANT QUOTA PAR LES PARTIS POLITIQUES EN VUE DES ELECTIONS LOCALES

Pour cette année 2023, une attention particulière de la loi N°2019-870 du 14 Octobre 2019, dite "loi quota" des femmes sur les listes des partis politiques a été observée par la société civile et politique. En effet, les organisations de femmes et les mouvements féministes ainsi que l'ensemble des partenaires ont aidé à la prise en compte des dispositions de ce texte si important dans notre arsenal juridique.

L'objectif de la loi est d'atteindre les 30% de candidates sur les listes des partis politiques.

Les chiffres récents témoignent d'une avancée majeure en termes de nombre des femmes candidates sur les listes des partis politiques. Ainsi, de 2018 à 2023, nous sommes passés de:

  • - 4.200 à 10.220 femmes candidates pour les élections municipales soit 143,33% d'augmentation.

Et pour les élections régionales, de :

  • - 526 à 1.672 femmes inscrites sur les listes en générale soit 217,8% de progression. (Source ONU Femmes).

Selon ces données, le quota (de 30%), recommandé par la loi a été atteint vu que les deux élections -municipales et régionales- comptent respectivement 33,97% et 32,07% de femmes sur les listes présentées.

Nous, Organisation pour la Réflexion et l'Action Féministe (ORAF), estimons malheureusement, que la proportion des femmes sur ces listes est assez mal répartie et ne s'inscrit pas dans la théorie de changement telle qu'espérée lors de l'adoption de cette loi.

Nous parlons bien sûr, d'atteindre la représentativité des femmes dans les assemblées élues. Ainsi, concernant les élections municipales, seulement 75 femmes ont été désignées en tête contre 75 hommes6. Ce qui équivaut à 10% de femmes têtes de listes pour ces échéances. Les élections régionales n'échappent pas à ce constat. Ainsi, les femmes qui compétissent pour la présidence des conseils régionaux représentent 05,38% du total des têtes de listes contre 94,62% chez les hommes. Nous constatons que, les partis politiques dans leur ensemble n'ont présenté que 05 femmes contre 88 hommes pour diriger les conseils. C'est encore très peu. Nous félicitons la dynamique de progression des femmes sur les listes en général. Ce qui démontre qu'un travail énorme est mené en amont par toutes les parties impliquées dans ce processus. Cependant, nous estimons qu'il faut arriver à plus d'égalité concernant la proportion des candidats et candidates choisies comme têtes de liste dans les élections. En effet, le taux des femmes désignées par les partis en tant que têtes de liste est encore très faible comme l'indiquent les chiffres officiels.

Comment comptons-nous avoir un leadership féminin politique accru si encore une fois, les femmes politiques restent en périphérie des zones de pouvoir et d'influence ?
Mathématiquement, le nombre des femmes qui sont en tête des listes est d'autant plus insignifiant qu'il n'est pas de nature à avoir un quelconque impact sur le quota espéré à l'issue des résultats.

Pourtant, force est de constater que, légalement, la ‘'loi quota” et son décret d'application ne font pas état des problèmes évoqués par nous. C'est donc, un bon point à mettre au compte des partis qui s'inscrivent dans les exigences dudit texte. Nous croyons quand même, qu'il est important d'aller au-delà du cadre général des listes pour toucher aussi le point fondamental du leadership féminin dans les élections. Cela pourra entraîner un changement plus significatif.


Nous estimons qu'il est aussi impérieux, de revoir les dispositions de "la loi des quotas" et d'y insérer plus de mécanismes capables de garantir la représentativité des femmes lors des échéances électorales.

L'ORAF recommande que soient pris en compte les points susmentionnés dans ce communiqué.


L'ORAF remercie l'ensemble des parties prenantes, le Gouvernement de la Côte d'Ivoire, la Commission Électorale indépendante, le Comité de suivi pour la prise en compte du genre dans le processus électoral, les partenaires institutionnels tels que l'ONU Femmes Côte D'Ivoire, la Commission Électorale indépendante, les partis politiques, les mouvements des activistes genre et féminisme qui ont cette année permis d'atteindre une telle évolution.


L'ORAF souhaite une bonne chance aux candidates et candidats en lice. Nous restons convaincues que chaque jour un peu plus, nous faisons ensemble, un pas vers l'égalité et l'équité politique en Côte d'Ivoire.

Fait à Abidjan le 09 Août 2023,
L'Organisation pour la Réflexion et l'Action Féministe.